Le mot laïcité a une généalogie respectable : il renvoie aux luttes d’autrefois contre la droite cléricale et militariste. Mais le combat une fois gagné, le mot a perdu son emploi : l’affaire était entendue, on ne se disait plus laïque, ou pas plus souvent que bouliste ou philatéliste.
Le mot laïcité a une généalogie respectable : il renvoie aux luttes d’autrefois contre la droite cléricale et militariste. Mais le combat une fois gagné, le mot a perdu son emploi : l’affaire était entendue, on ne se disait plus laïque, ou pas plus souvent que bouliste ou philatéliste.
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C’est dans les années 1990 que soudain la laïcité a resurgi. La date n’a rien de fortuit : c’était le moment où les immigrés devenaient « un problème ». Et laïcité, mot magique, aidait grandement à résoudre le problème. L’une des principales difficultés est que certains discours peuvent être difficiles à énoncer publiquement, par exemple : « Ce n’est pas qu’on vous déteste, ni qu’on vous méprise. Même, on vous aime bien. Mais on préfèrerait que vous soyez moins visibles, que vous appreniez à nous ressembler. » Ou bien encore : « Nous n’avons rien contre le fait que vous soyez parqués dans des ghettos. Mais il ne faudrait quand même pas que ces ghettos deviennent des repaires de communautaristes polygames et de fondamentalistes terroristes. » Ce seraient-là des propos d’une louable franchise, mais on entend d’ici les criailleries des antiracistes bien pensants.
Alors, on sort du placard la laïcité. Son histoire lui confère une tonalité vertueuse, et c’est vertueusement qu’elle permet d’interdire le voile à l’école et la burka sur la voie publique, de protester contre la construction de mosquées et de mettre en prison ceux qui, de l’autre côté des périphériques du pays, essaient de s’organiser. C’est également sur la laïcité que s’appuient les féministes chic pour appuyer des lois scélérates au nom du « droit des femmes opprimées », tout en se souciant comme d’une guigne de celles, voilées ou pas, qui triment comme des esclaves pour des salaires de misère dans des quartiers loin du VIe arrondissement de Paris.
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Si l’hypocrisie est l’hommage du vice à la vertu, la laïcité est l’hommage du racisme à la fraternité humaine.